9.17.2016

A l' Est, du nouveau.

Erich Maria Remarque est un écrivain dont j'apprécie particulièrement l'univers. Il est surtout connu pour "A l'Ouest rien de nouveau" , bouquin qui ne parle malheureusement pas de la love affair entre Jacques Auxiette et les pays de la poire mais bien du conflit entre les chleus et nos illustres aïeux pour savoir qui aurait le droit de cuissage sur des cigognes alsaciennes à peines pubères. Ce livre illustre la vie quotidienne d'un soldat allemand dans l'enfer de la 1ère guerre mondiale et le quotidien kafkaïen qui y a perduré pendant des années. Le pacifisme revendicatif du bouquin vaudra à son auteur le droit d'aller s'exiler aux states pendant que les zinas se réchaufferont les étendards en brûlant l'ouvrage en place publique. Bah ouais Hitler a jamais trop kiffé les mecs qui se paluchent pas sur  le devoir sacré d'aller se faire déboulonner la ganache dans la boue pour un idéal patriotique des plus fourvoyé. Bref si t'as été au collège au moins une fois dans ta vie (et en imper à la sortie n'est pas vraiment considéré comme une assiduité exemplaire) t'as du avoir ce livre entre les pognes. 

   Remarque a écrit une dizaine de bouquins ayant souvent attraits à la guerre et à la vision du soldat de base qui se retrouve plongé dans ce marasme sanguinaire duquel personne ne sort indemne. Ces romans se prolongent sur une période qui commence au début du XXème siècle et qui iront jusqu'à la fin du Reich de presque 1000 ans. L'ambiance de ses différents livres est donc assez proche. On y découvre des humains balayés par des évènements internationaux que personne ne maîtrise. La guerre, les tentatives révolutionnaires de l'Allemagne de l'entre-deux-guerres, la brutalité de la dictature nazie, le tout illustré par la résignation des foules, la médiocrité ambiante et valorisée mais aussi le combat de quelques uns pour essayer de ne pas devenir des animaux dans cette foire d'empoigne mondialisée.

   "L'île d'espérance" a aussi été sorti sous le titre "Un temps pour vivre, un temps pour mourir", du coup vu que je suis hyper malin, je l'ai sous les deux noms ce qui me permet d'avoir une bibliothèque qui me ferait passer pour un érudit vis à vis d'un chasseur de pokémon et pour un guignol envers un amateur de littérature, deux salles, deux ambiances, en quelque sorte.

   Ernst Graber, jeune soldat de la Wehrmacht de 23 ans est déjà un vétéran des road trip hitlériens: la ballade en Frankreich, le Paris Dakar en panzer pour faire découvrir nos ancêtres vikings aux peuplades africaines, et pour finir il se retrouve à se geler les miches grâce à l'Opération Barbarossa dans les ruines d'un village russe. La blitzkrieg n'est plus vraiment à l'ordre du jour depuis que les orgues de Staline ont poussées leurs sérénades au dessus des fridolins. Bref à l'Est y a du nouveau et c'est pas franchement rassurant pour les jeunesses hitlériennes qu'on enrôlent à tour de bras tendu pour aller remplacer les pertes abyssales de l'armée allemande face à l'ogre soviétique. Mais Graber est un chanceux, malgré la débâcle qui commence à pointer il a droit à une permission de trois semaines pour retourner au pays voir sa famille et profiter des bons vieux bretzels de sa daronne.

   Contrairement au nuage radioactif de Tchernobyl, les bombardiers américains et anglais ont réussis à traverser les frontières et autant vous dire que notre jeune héros va avoir besoin d'un bon google map pour se retrouver dans son bled natal en ruines. Bah ouais le Reich commence à prendre l'eau de toutes parts et cette fois c'est lui qui se retrouve sous la pluie de bombes incendiaires démocratiques qui ravagent le lebensraum. Comme dans toute dictature qui se respecte, la tragédie en devient comique tant les règlements doivent toujours être respectés à la lettre pour ne pas finir dans les sinistres camps qui fonctionnent à plein régime. La médiocrité et les bas instincts de certains sont devenus des atouts indispensables pour grimper dans l'ascenseur social et la peur ambiante réduit bien souvent à néant les envies de résistances du plus grand nombre. Ne rien dire, ne rien savoir pour ne pas avoir quelque chose à vous reprocher. Devise officieuse de milliers d'allemands qui courbent l'échine pour ne pas être victime de la gestapo ou des bombardements alliés.

   Graber se retrouve donc dans une ville ravagée, ses parents sont devenus des réfugiés introuvables. Il n'y a plus de front ou d'arrière, la guerre est partout et elle ne fait pas de sentiment. Pourtant au milieu de tout ce merdier il arrivera paradoxalement à trouver l'amour, acte de résistance héroïque que d'essayer de ne pas désespérer dans un tel environnement saccagé.

   Ce livre est un constat accablant sur la guerre, la dictature et les rapports humains qu'engendrent ces phénomènes brutaux. Entre la petite mesquinerie faite par lâcheté qui peut vous envoyer à la mort et des fanatiques qui se baignent avec allégresse dans ce capharnaüm sanguinaire, il ne reste que peu de place pour l'espoir. Remarque arrive pourtant à en distiller un peu entre les déchaînements de violence. Lecture recommandée, comme pour le reste de ses romans d'ailleurs.
 

   

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