1.27.2016

Christiane F.

J'ai découvert Alfred Döblin par le biais de son roman Berlin Alexanderplatz dont la 4ème de couverture m'avait bien accroché chez mon bouquiniste habituel.


  "Ce livre célèbre sur les bas-fonds du Berlin des années 1925-1930 fait penser à Voyage au bout de la nuit et aux Mystères de Paris, mais aussi à Brecht, à Dos Passos et à Joyce. Car ce récit épique plein de tendresses, de violences, de vices, étonne par sa modernité. L'aventure de Franz Biberkopf, criminel poussé par la fatalité vers un retour au crime, est comme le chant d'une symphonie composée de la rumeur de la foule, du hurlement des tramways, des sanglots et des râles échappés des hôtels délabrés et des bistrots minables".

   Ok on sent que l'éditeur s'enflamme et tente de rapprocher Döblin des 50 noms d'auteurs qu'il connaît mais pour le reste c'est vraiment le genre de résumé qui me parle. La 4ème de couverture d'un livre est bien souvent une partie de poker qui sur le coup se révéla gagnante pour ma ganache vu que le bouquin tabasse sévère. Donc petit conseil si vous pouvez vous le procurer hésitez pas, c'est un très bon résumé de l'ambiance de la faune berlinoise à l'époque de la République de Weimar.

   De plus Döblin pratiquait la médecine neurologique, ce qui dans le début du XXème siècle lui a bien permis de peaufiner les émotions et instincts de personnages qu'ils pouvaient rencontrer dans la réalité sordide des instituts psychiatriques allemands. Fasciné par la technologie et le mouvement expressionniste, il participera à la fondation du journal Der Sturm dans lequel seront publiés pas mal de ses nouvelles. C'est un touche à tout dans la littérature, roman, nouvelles, poésies. Etant juif et pratiquant un art considéré comme dégénéré par les adeptes de la croix hindoue, il a vite compris que l'arrivée d'Hitler à la chancellerie en 1933 et l'incendie du Reichstag étaient pas vraiment le début d'une période de gaudriole, il s'exile en France puis en 1940 aux Etats-Unis.

   Mais dans cet article c'est de "L'assassinat d'une renoncule" dont il est question. Ce titre de
nouvelle est aussi celui du bouquin qui en regroupe 13 qui ont été publiées entre 1902 et 1913. Même si toutes les nouvelles n'ont pas le même synopsis, on y trouve un fil conducteur, un lien que Döblin ne tente même pas de couper. Entrée dans l'inconscient des personnages, dans la relation de couple souvent tumultueuse et lugubre mais jamais lisse. Les "héros" de ses nouvelles ont des luttes dérisoires, l'équilibre mental laisse parfois à désirer, à croire qu'ils ne vivent pas dans la même réalité que le reste de leur entourage. Les histoires lugubres donnent rarement des happy end et Döblin ne se pose pas trop de questions sur la finalité de ceux qui ont vécus ses existences pétri d'angoisse.

   Alfred Döblin nous montre ici l'étendue de son écriture. Parfois concis, presque médicale, il examine ses personnages comme s'il s'agissait de patients venus lui demander conseil. Fresque de portraits nous montrant l'Allemagne du début du siècle et le désarroi qui accompagne les protagonistes de ce livre.

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