White trash: John King (2002) 398p.
John, le king de la street anglaise, des tribunes qui puent le fumi et des pubs qui suintent la pisse ouvrière nous plonge cette fois ci dans l'univers hospitalier. Ruby est une jeune infirmière idéaliste, elle passe son temps à aider les gens et sa vie est tellement une suite de bonnes actions qu'elle finirait sûrement au paradis si elle n'avait pas les défauts classiques de tous les lads angliches. Son job à l'hosto nous montre le quotidien des blouses blanches, anges gardiens de nos déboires qui se font souvent remercier à coups d'engueulades et de salaires minables. Life is pain pour eux aussi. Mais Ruby garde la pêche, c'est la n°10 du CHU. Toujours au taquet sur le taf elle pousse même le vice à s'intéresser aux patients et à avoir de l'empathie pour toute cette clique bigarrée qui doit faire un passage aux urgences pour un coup de couteau dans la bougie, un foie imbibé de malt et de houblon faisandé ou un cancer destructeur qui squatte déjà toute la carcasse d'un sujet de la couronne d'Angleterre.
Jeffreys a la même passion mais pas le même maillot, responsable de la gestion des hôpitaux, il est plus dans l'efficacité allemande, c'est clair et strict, pas de place pour l'humanisme ou les sentiments. Le système hospitalier peut et doit être géré comme une entreprise si on veut du résultat et que la misère humaine ne vienne pas ensabler tout ce bel engrenage. Il est pas vraiment méchant, il ne vient juste pas du même monde que tous les patients qu'ils rencontrent, ces feignasses qui n'ont pas pris soin d'eux, qui ont trouvés la bonne excuse d'une vie difficile pour se laisser aller et ainsi venir encombrer les salles d'attentes déjà surpeuplées des hôpitaux anglais. Il est de l'élite et pense comme elle, il ne faut pas perdre de temps avec les boulets, un esprit sain dans un corps sain et si tu arrives pas à suivre bah faudra pas venir pigner si on te laisse dans tes excréments faute de personnel pour venir nettoyer tout ton bordel. La vie est ce que tu en fais et ce genre de personne ne s'intéresse pas trop aux facteurs sociaux considérés comme des excuses faciles pondus par des sociologues un peu trop babtous fragiles.
Deux visions du système hospitalier anglais qui se croisent dans ce bouquin, deux classes sociales qui ne se comprennent guère. Un système au bord de l'implosion tellement les coupes drastiques l'ont sabordé et qui peine à aider toute la populace qui le sollicite. Peut être pas le meilleur bouquin de John King (sûrement dû au fait que certains autres sont vraiment géniaux, il aurait écrit que des merdes celui là deviendrait un chef d'oeuvre) mais un bon roman noir qui se lit bien. Cimer à Gavroche pour ce cadeau, ça vaudra peut être une pinte fraîche un de ces quatre.
" Il double un bus et en profite pour jeter un coup d'oeil sur sa gauche. Choc à la vue de tant de corps amassés, sensation de bien-être évanouie: il se voit démuni, forcé de voyager avec les masses. Incarcéré dans le bus. Pressé contre les habits rances des hommes et des femmes qui regardent droit devant eux et ne disent rien. Entouré de mineurs délinquants qui déballent toute leur vie. Des collégiens qui ont déjà mal tourné, qui crachent et qui jurent. Se moquent de ses manières. Poumons pulvérisés par un troupeau de sorcières. Cheveux emmêlés. Edentées. Haleine fétide: nausée. Il sent les manteaux usés sur sa peau, le tissu trempé de transpiration. Ces harpies sortent tout droit des pages de Shakespeare. Des putains pipelettes qui serrent des jouets en plastique contre leur poitrine affaissée. Des cadeaux pour leurs morveux de petits-enfants qui leur revaudront ça à coups de crimes violents et de morale douteuse. des poupées pour les filles et des pistolets pour les garçons. Quand ils seront ados, les garçons voleront des voitures et cambrioleront les retraités. pendant que les filles se poignarderont à coups d'aiguilles à tricoter. Passeront d'un partenaire sexuel à l'autre, complètement défoncées. Se transmettront la syphilis et l'herpès avec une nonchalance que Jeffreys trouve obscène."
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