8.30.2017

Lycos va chercher.

Les chiens de guerre: Frederick Forsyth (1974) 625p.


   Ce livre pourrait servir dans les cours de géopolitique tellement il est proche de la

réalité de l'époque des années 70. Pas de problème d'anachronisme vu que maintenant pas grand chose n'a changé dans la façon de faire de nos protagonistes. Tout d'abord nous avons un patron véreux d'un consortium anglais quelconque, ça pourrait être n'importe lequel de ceux qui font la pluie et le beau temps (façon de parler vu le merdier écologico-social de leurs affaires) dans les nations du Sud du globe. Fini le colonialisme à la Jacquie & Michel Sardou, on préfère la jouer discret et ne pas dévoiler ses cartes. On tente une approche plus proche de l'associé du Diable que de Bob Denard et ses treillis camouflage déambulant devant les caméras de télévision. Bref dans un pays africain fictif vit un dictateur patenté, jusque là rien de nouveau sous le soleil, mais ce que notre Bokassa d'opérette ne sait pas c'est qu'il est assis sur un tas de minerais précieux qui pourrait lui permettre de faire son sketch pendant des plombes sans trop se soucier de sa populace ou des guignolos de l'ONU. Le but du jeu du consortium est donc d'envoyer une petite troupe de mercenaires triés sur le volet afin de remplacer le tyran local par un autre un peu plus propice à signer des contrats juteux pour la société et faire exploser les actions en bourse. Capitalism is fun! 

   
   Mais voilà pour pouvoir recruter une équipe comme l'Agence tous risques il faut faire croire au mercenaire en chef que tout ceci se passe surtout pour sauver la population locale du joug de l'oppresseur et pas remplacer un clampin en uniforme d'apparat par un autre clampin qui serait passé à la même fashion week. Bah ouais les mercenaires c'est des gars au grand coeur avec des valeurs de ouf. Bref pas mal d'embrouilles, de non-dits et de stratégies parallèles sont nécessaires pour que tout le monde puisse croire à ce sketch et ne pas se considérer comme des tas de merde puissance 1000.
   

   L'auteur est considéré comme l'inventeur du techno-thriller, il nous plonge dans tous les détails qui permettent ce genre d'opérations: coups d'états, assassinats ciblés, contrats passés à l'avance entres multinationales et états, corruption via les banques suisses et des autres paradis fiscaux. On croirait lire un reportage sur la dégueulasserie humaine tellement c'est précis. Pour en revenir au bouquin, on suit donc les cheminements croisés entre le big boss des mercenaires qui fait le tour du monde pour réunir son équipe et n'oublier aucun détail pour aller rappeler au dictateur que la démocratie arrive à grands renforts de bazookas et de fusils mitrailleurs et les sous-fifres de la holding qui s'évertuent à rédiger des contrats taillés sur mesure pour préparer une future et tellement illusoire légitimité à leurs actes. C'est vraiment du grand art et hyper instructif et ça nous permet de voir jusqu'où l'homme est prêt à aller pour être considéré comme le dernier des bâtards.

   Le grand final se jouera donc dans ce pays imaginaire mais tellement proche des potentats tropicaux actuels où tous les vautours de la finance et autres pilleurs de matières premières se rejoignent pour mettre un sacré merdier mais comme on dit chez les coupeurs de têtes à la Mac Leod: il ne doit en rester un!

   
   Frederick Forsyth né à Ashford en Angleterre en 1938 il sera journaliste chez REUTERS et correspondant diplomatique à la BBC, il couvrira ainsi pas mal de champs de guerre et verra de près les arrangements secrets entre les différents protagonistes des sauteries sanglantes telles que la guerre du Biafra. En conflit avec sa chaîne pour manque de partialité il deviendra un écrivain spécialisé dans les écrits sur la diplomatie et les services secrets. Chacal et Le dossier Odessa seront ses premiers gros succès. Inventeur du techno-thriller il sera régulièrement considéré comme un véritable spécialiste des arcanes secrètes des conflits et écrira en tout 13 romans.

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