12.06.2016

Seul contre soi.

  

   Calme plat dans mon cerveau, ce vide mental me tient à flot. Putain d'époque d'internet, plus une
seconde pour rêvasser, malgré le fait que j'en branle pas une de façon cohérente, il faudrait pourtant que mon esprit stoppe son vagabondage stérile pour permettre qu'une foutue partie de mon crâne puisse essaimer des idées cohérentes afin de nourrir la logorrhée verbale qui remplace mes paroles. Le monde se fout de notre gueule et pourtant il voudrait que nous ayons la décence d'êtres des stakhanovistes perpétuels de la pensée. 24 sur 24 ton avis pitoyable doit avoir la possibilité de s'exprimer dans l'incohérence de notre société du spectacle. Tout le monde se branle de savoir ce que l'on pense mais ne pas avoir d'avis fait de toi un suspect face à la foule des juges bénévoles, de cette meute à l'ignorance crasse qui se targue de la loi du nombre et de la force de ses raisonnements simplistes compréhensibles par n'importe quel trépané.  Alors ouais des fois tu ne veux plus participer à ce sketch ridicule qui consiste à déglutir les propos caricaturaux qu'on te sert sur un plateau quotidiennement. Médias en continus, clash à la seconde sur internet, désinformation à tous les étages & conflits d'intérêts sans fin ne suffisent même pas à les étouffer malgré la boue qui sort de leurs offices. 


   Trop d'information tue l'information? Sûrement quand on considère qu'il est préférable de faire 3 heures sur la débilité congénitale d'un présentateur télé plutôt que sur le dilemme que la quasi totalité des médias franchouillards soient juste aux mains de 4 clampins fortunés. Nous abrutir d'un flot de nouvelles secondaires pour ne pas dire anecdotiques voilà le vrai combat qui se joue contre notre manière de penser, le but n'est pas de nous pousser à nous cultiver et à faire de chacun d'entre nous le propre soldat de sa conscience mais bien de nous écraser sous le ridicule et le larmoyant. La dictature émotionnelle, chantre de la démocratie actuelle se targue de nous réduire au rang de consommateurs intellectuels discounts, juste bons à reproduire de façon maladroite les schémas de pensée bien malaxés pour nos cerveaux atrophiés. Triste que de voir comment les hautes sphères intellectuelles, médiatiques et politiques nous jugent. Même les moutons de Panurge avaient l'air d'avoir plus de répondant que la populace que nous sommes devenus, juste bons à nous entretuer pour des discours de pacotille et des théories de cour d'école. Continuons à nous écharper sur le dernier potin mondain, le dernier bon mot d'une célébrité, au moins pendant ce temps là nous n'irons pas demander des comptes à ceux qui ne se vexent pas de foutre des familles à la rue ou des affamés en prison. Jouons à la perfection notre rôle de caricature du village d'Asterix. Ce bon français querelleur mais si attachant qui cède à la bagarre générale pour un quiproquo ubuesque... Clowns volontaires voilà où nous en sommes. Par peur de perdre nos valeurs nous sommes prêts à avaler n'importe quelle décoction dialectique, nos sauveurs étant ceux là mêmes qui nous ont mis dans cette situation depuis des lustres. Léchons la main du maître et courbons l'échine, sûrement que dans l'Histoire ce genre de comportement de vassalité imbécile a un jour amené la situation a évoluée dans notre sens. Le pire est que ça ne nous choque même plus, nous avons même perdus la faculté de voir nos bourreaux tels qu'ils sont, syndrome de Stockholm puissance 1000.

   Croire que le surplus d'information qui nous submerge est le gage de qualité d'une démocratie réussie montre bien jusqu'où nous sombrons dans la folie. Nous voulons redevenir des enfants en laissant à quelques uns le dur labeur de décider pour nous ce qui doit être fait. Notre incapacité à oser mettre en doute le discours des médias dominants est telle qu'elle pousse paradoxalement certains vers des officines totalement schizophréniques, gourous des temps modernes et autres charlatans d'opérette qui se servent de la naïveté populaire pour leurs pathétiques desseins. La deuxième face d'une même médaille qui nous montre encore une fois que se forger une opinion propre est plus difficile que de hurler avec les loups ou de se fondre dans la masse réconfortante du troupeau de moutons. 

   Une pile de livres vieillis par des années à prendre la poussière des bibliothèques, une saine lecture dans une ambiance reposée, loin du tumulte de cette vie qui ne veut jamais s'arrêter, même un moment rapide afin de regarder le marasme actuel dans lequel nous nous évertuons à stagner. Voilà sûrement le seul conseil valable à donner actuellement.

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