12.14.2016
Il n'en restera rien.
Sort ton #Alep si tu veux être dans le buzz du moment. L'actu c'est la chute de la partie Est de la deuxième ville de Syrie qui était divisée entre les rebelles et les forces du régime d'Assad. Bim! Tout le monde vient de découvrir que la guerre c'est dégueulasse, breaking news, le scoop est tombé comme ça sans prévenir, comme un putain de baril de TNT blindé de phosphore dans une cour d'école, pas de pitié pour les journaleux en tous genres et les politicards pleurnicheurs qui nous font leur grand show théâtral aussi ridicule qu'inutile. Et ouais les tapis de bombes sur des quartiers surpeuplés ça crée pas des fun zones mais plutôt des images en boucles pour BFM. La Syrie est une vaste blague sanglante où toutes les nations du globe qui se veulent affluentes viennent participer au concours de bite ensablée et on peut dire qu'à ce niveau là les russes et les iraniens sont plutôt TTBM dans le game.
Alep, symbole de la résistance civile combattue violemment par le régime qui se branle de tuer son peuple et qui par la force des chose deviendra une lutte armée, s'est retrouvée confrontée après 4 années de latence plus ou moins mouvementées à se prendre la dure réalité géopolitique en pleine bougie. On ne discute pas avec un symbole, Assad le savait mais jusqu'à là les pieds nickelés qui composent son armée n'avaient plus au bout de 5 années de guerre civile trop les moyens de changer grand chose aux évènements. Le régime syrien est une dictature, ses prisons sont des clubs de vacances pour Klaus Barbie en babouches depuis des plombes et on a l'impression de se rendre compte que maintenant que le type en a un peu rien à branler des droits de l'homme ou de devoir sacrifier toute la populace qui vit dans ces quartiers martyrs juste pour pouvoir réinstaller des statues de lui de 4 mètres sur 12 se branlant sur la convention de Genève.
Alors voilà Assad a fait le dos rond pendant toutes ses dernières années, il a laissé l'Etat islamique devenir un youtubeur plus populaire que Cyprien et Norman réunis, il a laissé les kurdes rêver un peu plus d'un soleil qui se lèverait sur les montagnes, collines et plaines d'un Rojava autonome. Lui ce qui le soûlait plus que du Sidi Brahim éventé c'était qu'une résistance civile et populaire s'ancre dans le coeur de milliers de syriens qui quotidiennement scandaient leur volonté de le voir se barrer du pouvoir avec toute sa clique. Alors lui est venu l'idée de la "Syrie utile", concept assez logique dans sa situation qui consiste à sauver les meubles et un bout de terrain pour faire son biz, à préserver sa ganache et à envoyer se faire foutre tout le reste. Le mec devait pas être magique à Risk car il a bien galéré niveau stratégie et il est passé quelquefois très près de se faire blacklister de son propre jeu. Ce qui l'a sauvé à vrai dire c'est son meilleur ennemi, les USA. Obama avait tracé une ligne rouge et vu le potentiel de défonçage de gueule qu'ont les ricains dans le coin normalement aucune personne sensée ne se serait mis à titiller l'aigle yankee mais bon Assad est joueur et quand on lui a dit que la limite a pas franchir était de balancer des armes chimiques sur des civils, il s'est mis à se taper un remake du carnaval de Joker dans le 1er Batman et a explosé les poumons de sa populace avec autant d'énergie que le ferait un commercial de chez Monsanto. Badabing! la ligne rouge est surpassée, on aurait pu s'attendre à une pluie de bombes démocratiques venir pimenter le ciel syrien et une armada de hummers se taper un Washington-Damas avec dérapage contrôlée de la chenille blindée sur la face à Bachar mais non, que dalle, peau de zob. La baudruche a éclatée comme les poumons des enfants intoxiqués. De grands discours pour rien, de la branlette intellectuelle pour diplomates gavés au Ferrero.
Les règles du jeu avaient changés, l'Etat islamique était entretemps devenu le nouveau super méchant mondial, c'est vrai que niveau pute à clics les gars sont champions toutes catégories. Dans une diplomatie 2.0 le régime d'Assad a réussi à se faire oublier, une résolution par ci, un droit de véto par là et clopin-clopant a maintenu sa dictature sur une portion congrue du territoire syrien. Les prisons-goulags, les tortures à l'échelle industrielle, les charniers, tout ça avaient perdus le côté sexy du début du conflit, Bachar ne faisait pas d'effort pour se surpasser, il incarnait juste la caricature du tyran du Moyen Orient classique, il en faut plus pour choquer l'opinion mondiale et lui faire péter son hashtag. La mort et la douleur de milliers d'innocents, civils, résistants, hommes, femmes, enfants dans la Syrie d'Assad ne faisait plus briller les yeux des éditocrates occidentaux autant que les massacres de Daech et son équipe de com' ultra qualifiée pour le formatage des médias actuels. Alors ouais les diplomates et les grands discours lançaient toujours quelques punchlines sur le départ du dictateur mais le coeur n'y était déjà plus. Ils n'avaient encore rien vus.
Pendant que tout le monde se touchait la nouille aux nations-unis, on peut dire que ça chômait pas dans les usines d'armement russes. Poutine venait de se faire taper sur les doigts pour l'annexion de la Crimée et d'une partie du Donbass. L'Ukraine venait de se libérer d'une pourriture corrompue jusqu'à la moelle et installait à des hauts postes du pouvoir des néo-nazis, bref le meilleur des mondes tranquilou bilou. Bref au Kremlin on était un peu véners des sanctions internationales et surtout de passer pour un petit joueur dans le game mondial. Merde si même des photos de Poutine en judoka, en chassant l'ours ou en se pochtronant avec Depardieu suffisait plus à faire de lui l'icône des babtous solides il fallait vite falloir remédier à cela. Alors le joueur d'échec moscovite est venue s'insérer dans le jeu syrien. Pour Bachar la bouée de sauvetage venait d'être lancée, Poutine devenant le Mitch Buchannon de la Syrie utile Ad vitam Aeternam. L'armée syrienne après 5 années de guerre civile, de défaites et de désertions massives n'avaient plus trop la gnaque. Faut dire que voir les barbus de l'état islamique démembrer leurs collègues prisonniers à chaque perte d'une ville c'est moyen pour la motiv. Donc quand ils ont commencés à voir les spetsnaz et toute l'aviation russe venir débouler comme un chien dans un jeu de quille ça leur a fait remonter le bâton plus qu'un abonnement pirate à Pornhub. Les russes ont donc eu carte blanche et c'est clair qu'ils se privent pas. Ca sera tapis de bombes pour tout le monde et y aura clairement du rab pour les écoles et hôpitaux.
Le sketch diplomatique de tous alimenté par des actions contradictoires visant à maintenir ou imposer des intérêts particuliers rend le maelstrom syrien chaque jour un peu plus flou. Russes, américains, turcs, kurdes, rebelles ou armée syrienne, djihadistes de Daech, fous de Dieu iraniens et du Hezbollah. Chaque clampin qui a une mitraillette dans ce bled a décidé de mener sa petite guerre sans trop se soucier de la populace environnante. C'est ça la guerre, de la dégueulasserie à l'état pur, le retour de l'homme à son niveau primitif. Plus de pitié, plus de compassion à part bien sûr pour les masses occidentales sensibles mais surtout terriblement inutiles. On redécouvre ça à chaque boucherie qui dure des plombes, y a juste à se rappeler de l'étonnement qu'avait provoqué la cruauté terrible du conflit yougoslave. Naïveté imbécile que de croire que l'homme est bon. Il n'est que le fruit de son environnement et autant vous dire qu'à ce niveau là c'est un peu plus qu'une génération qui va en sortir totalement bousillée.
Dans la Syrie utile, Alep est devenue le symbole actuel, ville divisée en deux, d'un côté les quartiers Ouest et la dictature sanguinaire de l'autre le peuple rebelle qui a combattu par les slogans puis par les armes contre l'oppression. Image d'épinal véhiculée par les médias mainstream. La rébellion est un conglomérat de groupes hétéroclites: djihadistes, Armée syrienne libre, activistes civils, milices tribales..alliés ou en conflits selon les moments, selon les livraisons d'armes ou les violences du régime. Le peuple au milieu de tout ça, hommes, femmes, enfants qui rêvent de toute leur chair à une liberté future mais qui restent éternellement victimes de tous les belligérants de ce conflit. Le peuple, ce peuple, héroïque et martyr qui subit chaque jour la violence aveugle. Les bombes russes, les exécutions par les milices du régime ou par les rebelles, la soumission à ce monde où les hommes ont perdus leur masque social, redevenus des bêtes dans la fureur de cet étripage débridée.
Oui Alep reste un symbole, pas celui de notre honte ou de notre impuissance, y a déjà des putains de méga tonnes de chair humaine qui ont faisandés dans des charniers sans qu'on bouge d'un demi-centimètre depuis les 50 dernières années alors évitons de nous la jouer diva éplorée c'est juste ultra cynique et surtout carrément déplacée face à la souffrance de ces gens. Si on en avait quelque chose à foutre des populations civiles victimes de massacres ça ferait déjà bien longtemps qu'on aurait explosé notre ganache dans le miroir ou qu'on se serait pendu à la branche de l'arbre de la pénitence mais non on va ressortir notre hashtag ou un emoji qui pleurniche pour les plus militants d'entre nous.
La Russie mène la même technique de guerre qu'elle a mené à deux reprises en Tchétchénie, on rase gratis: barbus, civils et bâtiments. Et hop on libère des villes fantômes. Faire les vierges effarouchées et feindre l'étonnement est vraiment abject de la part des politicards, laissons les jérémiades médiatiques à BHL et aux autres clowns charognards, ce n'est pas ça qui aidera les populations. Maintenant qu'Alep est "libérée" la grande marche sanguinaire va sûrement aller vers Idbil. Autre bastion rempli de rebelles, de civils, d'enfants, d'activistes sincères, de djihadistes tortionnaires, de victimes & de bourreaux mais pour eux la réponse sera la même. Russes et iraniens ne sont pas venus pour libérer quoi que ce soit, ils viennent poser leurs couilles sur la table et imposer leur présence au Moyen Orient, leur guerre est stratégique, les couloirs humanitaires ne mènent nulle part, seule la capacité de destruction a un quelconque intérêt actuellement.
Pendant ce temps là Mossoul n'a pas l'air de tomber bien vite, quand à Rakka c'est open bar pour les Allahu Akbar! Les kurdes et les turcs quand à eux ne savent pas si leur guerre doit être sale ou dégueulasse et ce qu'il adviendra des alliances qui vont inévitablement se créer. Quand à Bachar el Assad, il ne libère rien, son armée s'est fait chasser une nouvelle fois de Palmyre, il fait bombarder son propre peuple et s'évertuera à torturer les survivants. Il sait donc que la révolte ne s'arrêtera jamais, qu'elle continuera dans les zones rurales et que les villes seront ponctuées d'attentats aveugles. Acteur sordide du théâtre syrien il va pousser la commedia dell' arte jusqu'au baisser du rideau qui inévitablement sera rouge du sang d'un peuple abandonné aux appétits des grandes puissances et à l' avilissement des plus bas instincts.
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