1.22.2016

Et on tuera tous les affreux!

   La galette des Roys traditionnelle de Nantes d'hier soir a été l'occasion de montrer le nouveau
rapport de force entre l'extrême droite nantaise et leurs ennemis de l'Action Antifasciste.


    Comme chaque année l'Action française car c'est d'elle dont il s'agit est associée à une commémoration avec dépôt de gerbe au pied d'une des trois dernières statues de Louis XVI présentes dans l'hexagone, les autres ayant subi le passage des Valérie Damidot en bonnet phrygien. L'AF de Nantes apparue depuis quelques années n'a pour l'instant pas de grand fait d'armes à son actif, elle a pourtant su recruter dans les rangs des jeunes à méchouilles présent en nombre dans les rassemblements homophobes de la Manif pour tous en 2013 et 2014 qui ont attirés beaucoup de monde dans les rues nantaises. 

   L'AF comme chaque organisation qui vient s'implanter en terre bretonne a tâtonné à trouvé son public, il est vrai que la glorification du Roy semble peu compatible avec leurs actions pour le moins virtuelles. Et pourtant grâce à la rapide guéguerre entre Jeune Bretagne et Génération identitaire qui se soldera par la disparition de ces deux groupuscules elle a su enrôler par son royalisme 2.0 assez éloigné de Léon Daudet, des jeunes qui avaient commencés à goûter à l'adrénaline des manifs de rue avec fumigènes et foulard bariolé. De plus elle a l'air d'attirer vers elle les plus radicaux des ultras de la Brigade Loire rappelant ainsi que les tribunes de la Beaujoire ont rarement vibrés pour l'hymne soviétique. C'est donc avec entrain que depuis plusieurs mois elle tente de faire parler d'elle autrement que par des campagnes de collages de stickers aussi héroïques que nocturnes. Suspecté de tags contre les assos d'aide aux réfugiés et d'embrouilles contre des militants gauchistes, elle brillait surtout par une inertie agrémentée ponctuellement de déclarations sur l'honneur où elle se targuait de n'être pour rien dans ces évènements pitoyables qui de toute façon vu leur teneur n'aurait pas servi à glorifier leur image militante bien au contraire. Bref à l'Ouest rien de nouveau.

   Le fait d'avoir manifesté avec des boneheads et des dieudonnistes pendant la pitrerie de Jour de colère n'aide pas non plus à une reconnaissance. Maurras aurait il adoubé cette déambulation de pieds nickelés? Rien n'est moins sûr. En se cherchant l'AF a donc fait des collages avec les identitaires (avant qu'ils ne disparaissent dans leurs embrouilles consanguines) et aussi avec le Renouveau français qui lui aussi se targue d'avoir une section nantaise. On a vite l'impression que tout ce que l'extrême droite regroupe dans notre belle bourgade a eu envie un moment de créer une unité de militantisme et qu'ils se sont vite rendu comptes qu'un tocard plus un tocard ne donnait pas forcément une Dream team.

  Le renouveau n'ayant que peu de militants nantais a quand à lui préféré une sacro-sainte alliance avec le White rebels crew, sketch ambulant de néo nazis campagnards ayant eu la drôle d'illumination d'être l'incarnation des zinas ukrainiens du bataillon Azov. Il serait bon de leur rappeler qu'un mix entre le look de chasseur et celui de hools polonais n'est pas forcément suffisant pour ressembler à un membre de la race des seigneurs. Bref le RF et ces alliés atypiques sont pour l'instant plus occupés à faire des vidéos youtube de leurs exploits que de laisser Goldofaf faire un featuring avec le chef des enculés. Tant pis pour la culture! On serait aussi en droit de se poser des questions sur l'immunité judiciaire accordée à tous ces nazillons qui ont multipliées les agressions ces deux dernières années contre des antifas de 15 ans, des homosexuels et des sdf. Le tout bien sûr dans une vision chevaleresque assez originale de l'honneur où nos valeureux guerriers ont bien du mal à se battre à moins de cinq contre un, surtout si celui en face n'est pas un fighter. La street cred paramilitaire de nos miliciens d'opérette en prenant quand même un petit coup au passage (Pommeray?).
    
   Revenons en donc à nos camelots nantais qui outrés par une campagne de publication de visages de  leurs militants sur facebook par les antifascistes en avaient pour sûr gros sur la patate. On peut au moins les comprendre sur ce point, l'affichage virtuel étant quand même une méthode pitoyable jusque là plutôt utilisée par les merdes zinas comme les angliches de Redwatch. Surtout que dans une petite ville comme Nantes il n'est pas très compliqué de se rencontrer et de jouer des mains pour des extrémistes opposés. Bref l'AF avait sa revanche à prendre et je pense que c'est là un des point stratégiques sur lequel l'Action Antifasciste aurait pu se pencher.

   Le rendez vous était donc public des deux côtés. Les royalistes aussi bien que les antifas devaient donc se douter de la suite des évènements même si les autres années tous ces joyeux drilles n'avaient pas la chance de pouvoir communiquer manuellement étant séparé par une cohorte de bleusaille casquée bien décidée à casser l'ambiance et quelques chicos au passage. Bref pour le compte rendu des évènements je vous laisse le bon soin de lire chaque vision de tout ça: 

- Celui des antifas
- Celui des roycos

   De belles envolées lyriques de la part des royalistes, ça sent le dépucelage de la violence et je comprends aisément que la testostérone ait permis une si belle poésie, les antifas étant plus terre à terre et sûrement aussi plus habitués aux charges policières et aux coups de tonfa ont quand à eux déclarés un match nul en attendant assurément le prochain round. 

    Dans ce genre d'histoire teintée de la mauvaise foi la plus logique il est assez peu aisé de se faire une idée des véritables vainqueurs de la soirée même si je pense que le fait que l'Action française ai prévu un SO conséquent et même avec une complicité policière se soit lancé à l'assaut des contre-manifestants montrent qu'ils voulaient en découdre et qu'ils avaient donc une audace à laquelle ils ne nous ont jamais habitués. L'extrême droite à Nantes se sent pousser des ailes, c'est un fait. Les antifas ont donc subis cette attaque qui brisera inévitablement le statu-quo entre radicaux de tous bords.    
   Que chacun se perçoivent comme les plus réprimés par la police est quand même assez risible quand on voit la violence exercée par la bleusaille contre les zadistes et les manifs anti répression, il n'y à là guère de doute que les CRS et autres BACeux ont toujours cette tendance à préférer tabasser un mec qui s'habille comme un black block que chez Barbour.

   Que retenir de cette histoire? Que les antifas ont péchés par naïveté et que les roycos entendent bien s'implanter durablement dans le jeu de la street cred? A l'évidence, de là à trouver que ces quelques énergumènes puissent avoir une capacité de nuisance me paraît quand même assez illusoire pour le moment. L'adrénaline passée et quelques cocards et passages au comico devraient vite trier les nouveaux guerriers de la nuit et renvoyés rapidement tous ceux pour qui la vision des gyrophares se reflètent mieux dans un clip de Seth Gueko que dans leurs yeux bleus. 

   L'Action Antifasciste a malheureusement le double problème de tous les groupes radicaux antiracistes, la police est leur premier ennemi et se chargera bien de leur rappeler à tous moment, ce qui ne les aide pas pour s'organiser de façon efficace, de plus comment ne pas passer pour des virilistes en se préparant clairement pour ce genre de confrontation. Les fafs ne se posent pas ce genre de questions ce qui ne peut que les avantager, mais je pense que si on décide d'essayer de contrer un évènement de ce genre il faut y aller en connaissance de choses et être prêt physiquement à gagner la partie. 

   A l'heure où tout le monde veut être un babtou solide une nouvelle guerre des boutons s'est déclenchée. Nantes devient bien malgré elle le terreau de toutes ces aventures juvéniles bien souvent stériles où l'on tente de conquérir la rue vu que l'on ne réussira jamais à gagner la bataille des esprits. 


   "Les évènements sont de plus en plus difficiles à interpréter. Ils gesticulent et grimacent comme des singes. Leur énorme insincérité accable vraiment l'esprit."    Georges Bernanos.

   



  

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